Wissembourg - Au lycée Stanislas « L’Allemagne, on n’y va plus à la rame ! »
Lundi, le lycée Stanislas de Wissembourg a eu la visite de deux élus Les Républicains, Elsa Schalck, vice-présidente de la région Grand-Est, et Anne Sander, député européen. Au programme : des échanges avec les élèves, professeurs et apprentis sur les formations transfrontalières proposées par l’établissement.
Anne Sander (veste bleue) et Elsa Schalck en discussions avec les élèves des professeurs Huck et Eichenlaub, de la section Azubi. PHOTO DNA - Ar. G.
Cette génération doit s’ouvrir au monde, d’autant plus avec les récents événements », plaide Pascal Halftermeyer, proviseur du lycée Stanislas, lors de l’échange entre les deux élues, des élèves et des professeurs. Et rien de tel pour cela que de passer la proche frontière, afin notamment d’y parfaire sa formation.
Elsa Schalck, vice-présidente de la région Grand Est, en charge notamment de la jeunesse et de l’orientation et Anne Sander, député européen de la circonscription Est, sont venues échanger avec ceux qui ont fait ce choix dans les filières technologiques et professionnelles. Afin de comprendre ce qui les a poussés, mais également constater les difficultés auxquelles ils peuvent faire face.
Déjà, le cliché des problèmes de mobilité est effacé par Corinne Vogel, de l’association AWO, l’un des plus gros employeurs allemands dans le domaine du social : « L’Allemagne, on n’y va plus à la rame ! ». Elle cite l’exemple de quinze Françaises recrutées par l’association ces six derniers mois comme preuve : le trajet est faisable.
Daniel Huck et Hugues Eichenlaub sont enseignants pour le bac professionnel Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés (MELEC). L’an dernier, la filière transfrontalière Azubi bac pro — Azubi pour Ausbildung (formation) et Auszubildende (apprenti) — a vu le jour. En partenariat avec un lycée de Karlsruhe et un autre de Neustadt, elle a attiré 13 élèves sur 24 du bac pro. Ceux présents hier énuméraient le lieu de leur stage, tous en Allemagne : Michelin, Siemens, Mercedes,…
Flexibilité et personnalisation
Et les retours sont positifs. « Il y a une très forte demande du secteur allemand », précise l’un des professeurs. « L’Allemagne est beaucoup plus porteuse dans certains domaines, comme la petite enfance », prolonge Claudine Deutschmann, professeur d’allemand.
Une demande réciproque. Si la langue de Goethe, concurrencée par celle de Shakespeare, attire moins, certains élèves « continuent à demander des pistes pour poursuivre leurs études là-bas », poursuit Corinne Starck, aussi enseignante.
Pour ceux-là, des heures de renforcement en allemand sont aménagées spécialement. Ce qui plaît à certains élèves de ces formations professionnelles et technologiques, comme Margaux, qui y voit là l’opportunité « d’apprendre du vocabulaire dans un contexte professionnel ».
Aussi, avec le décalage entre les différents rythmes scolaires français et allemand, une importante flexibilité du lycée est nécessaire. Et ce, notamment au niveau du Centre de formation d’apprentis (CFA), où quatre élèves font leur alternance en Allemagne, en immersion totale, et régie par la loi du travail locale. « On apprend mieux là-bas », glisse Franck, l’un d’eux. Mais de tous les dispositifs transfrontaliers, la même remarque revient souvent : le manque de reconnaissance des formations.
Le problème de la reconnaissance
Ainsi, la section Azubi bac pro ne disposera pas d’un diplôme reconnu en Allemagne, simplement d’une certification.
Danielle Bastian, en charge du CFA du lycée, en appelle aux élues : « Les jeunes veulent travailler en Allemagne, mais ils ont besoin d’un diplôme ». Elle explique que, par rapport au BTS français, « il n’existe pas de niveau bac +2 » là-bas, et que les équivalences sont difficiles à obtenir.
En attendant, le lycée Stanislas ne veut pas s’arrêter à cet écueil et projette, déjà, de créer une nouvelle formation transfrontalière très prochainement.